Sur les Européennes/Point de vue

Publié le par Ballon Rouge

Un front électoral unitaire semble devenu impossible. De telles divergences existeraient !!! ... Il est bon de rappeler qu'il n'en fut pas toujours ainsi. En 1998, lors des élections régionales, une liste allant des Verts à la LCR en passant par les groupes locaux, les PCF dissidents et les régionalistes fut constituée dans les Bouches du Rhône. La tête de liste était un militant Vert. Ce ne fut pas un grand succès électoral mais la volonté de s'unir, de surmonter les désaccords, laissait entrevoir des perspectives d'avenir intéressantes. Mais l'expérience s'est éteinte, elle a été oubliée.
Aujourd'hui sous des formes diverses de recomposition, la division est dominatrice.

En contribution au débat nous diffusons un point de vue à propos des élections européennes :


POUR NOTRE EUROPE…

S’appuyant sur le désir de paix, au sortir de la guerre après 1945, les bourgeoisies continentales ont initié la construction européenne. Le projet visait à élargir un espace économique plus ouvert que les marchés nationaux, mais toujours protégé.
L’Union Européenne est devenue la première puissance économique du monde et un partenaire fluctuant entre la soumission et l’opposition aux U.S.A.
Dans cet immense chantier, l’arrivée de la monnaie unique fut la preuve qu’avec une réelle détermination politique de nombreux obstacles peuvent être surmontés. Mais cette volonté est très sélective, elle n’existe que pour la défense des intérêts des forces dominantes.

I /Que constatons nous ?
1-    La démocratie est encore un vœu pieux, la preuve en est que l’on se satisfait de vagues avancées depuis des décennies qui ne débouchent toujours pas sur un parlement, assurant le pouvoir législatif et contrôlant la commission européenne.
2-    L’immobilisme est total dans les domaines inter connectés que sont la fiscalité, le droit du travail, l’unification sociale. C’est une volonté délibérée, un choix stratégique. Progresser dans ces domaines est indispensable pour le développement des solidarités à l’échelle européenne afin de combattre la pauvreté, la précarité, les inégalités sociales.
3-    Tous les gouvernements se lamentent sur la crise écologique. Pourtant la commission européenne n’a qu’une influence très marginale sur les choix urgents à définir et à mettre en œuvre

Les crises financière, économique, sociale, écologique très profondes ne peuvent aujourd’hui trouver des réponses globales qu’au niveau européen. L’influence nationale existe mais elle est secondaire. Ce sont les bourgeoisies qui dirigent le levier national ou européen selon leurs propres besoins et non ceux des populations.
L’Union Européenne est au milieu du gué, offrant un immense marché de libre échange sans aucune vie politique. Tout est entrepris pour freiner l’activation d’une conscience collective permettant aux travailleurs de s’emparer de l’espace européen pour mieux défendre leurs droits. Pourtant la majorité des décisions les concernant se prennent désormais à Bruxelles.
La construction de l’Union Européenne est une bombe à retardement pour ses initiateurs. Des centaines de millions de personnes ont aujourd’hui des intérêts de classe et des revendications identiques contre des adversaires communs. C’est la mise en marche d’une force qui pourrait balayer le capitalisme de notre continent. C’est aussi l’évidence que la rupture ne peut s’envisager dans un seul pays, mais dans tout l’espace européen.
Désormais le niveau local, national, européen doivent se combiner pour toujours déterminer les cibles à atteindre.

II / Face à cette crise, les velléités protectionnistes nationales aggravent le danger déjà présent avec le dumping social, de mettre en opposition les classes ouvrières européennes.
Le retour du « FABRIQUER NATIONAL ! » est une devise aux accents xénophobes. Et le « FABRIQUER EUROPEEN » est tout aussi condamnable dans les relations aux pays pauvres. C’est dans ces eaux troubles qu’essaie de barboter Sarkosy.
Seuls les pays du tiers monde peuvent exiger des mesures de protection pour stimuler le développement national avant de s’ouvrir pas à pas à la globalisation.
La pire forme de protectionnisme est celle qui a institué la libre circulation des marchandises et des capitaux en empêchant celle des personnes du sud vers le nord. Ce sont des choix criminels, qui vont à l’envers du sens de l’histoire.
Il faut promouvoir une Europe ouverte et plus démocratique qui pourrait contribuer à l’émergence d’un nouvel ordre mondial, en rejetant toutes les formes de néo-colonialisme.
Des liens d’égalité avec les pays du tiers monde permettront de bousculer la forteresse provocatrice qui s’est édifiée pour se protéger et rejeter les peuples des pays pauvres qui frappent à la porte.

III / Les élections se pointent et l’Europe redevient d’actualité. Aucun mouvement se disant anticapitaliste, antilibéral ou antiproductiviste n’a la capacité à lui seul de proposer un programme critique, global et cohérent. Dans le contexte actuel de résistance contre le recul social, l’unité ne nécessite-t-elle pas de réels compromis ?
Une alliance électorale s’impose, sauf si l’esprit de boutique l’emporte. Les forces politiques qui avaient quasi élaboré un véritable programme de gouvernement avant les présidentielles de 2007 ont fini par butter sur la volonté du PCF et de la LCR d’en découdre électoralement, chacun sous sa bannière.
Pour faire reculer le poids de la crise et des forces dominantes, les revendications électorales immédiates doivent s’articuler autour de la démocratie, des solidarités, de l’écologie.
En France, ce n’est pas le camp du NON au référendum de 2005 qu’il faut remobiliser.
Il faut s’appuyer sur les forces très diverses qui disent oui à une Europe sauvegardant les droits fondamentaux des couches populaires et qui ont pu avoir des positions différentes lors de ce référendum.
Il faut donner à ces axes essentiels du contenu.
1-    Quel programme à court terme pour l’Europe, quelle gouvernance européenne ?
2-    Où se situent dans les faits les convergences et les divergences entre les partis et les groupes qui acceptent de discuter ?
En clarifiant ces points chacun assumera ses choix et leurs conséquences.

Cette campagne doit être une étape pour construire l’unité au travers de l’Europe. Un choix très symbolique serait de faire émerger une liste supra nationale avec un programme commun alternatif.
Un rêve pour l’heure qui deviendra réalité un jour. Il faut sortir du nombrilisme national.
Encore faut-il espérer que les forces progressistes en seront à l’initiative.

Yves et Christine Vandrame – 27/03/2009
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