Point de vue : Le Front National et le populisme

Publié le par Ballon Rouge

 

62906558 pLe Front National et le populisme

En janvier 2011, le “baromètre de la confiance politique” du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) montrait que seuls 41% des Français restaient optimistes pour l'avenir, et 69% pensaient que les jeunes avaient moins de chance qu'eux de réussir. Seulement 14% estimaient que les responsables politiques se préoccupaient de ce que les gens comme eux pensaient. Ils étaient 59% à trouver qu'il y avait trop d'immigrés en France et 34% étaient pour le rétablissement de la peine de mort.

Pour faire court : 22% faisaient confiance à la gauche pour gouverner, 21% à la droite et 56% ni à la gauche ni à la droite. Le Front National, par la voix de Marine Le Pen, se dit ni de droite, ni de gauche et se revendique du “national-populiste”.

Qu'est-ce que le populisme ?

Concept fourre-tout, le populisme, comme le Front National, veut “rendre le pouvoir au peuple”. On peut trouver du populisme dans les écrits de Robespierre ou Michelet. Le boulangisme, le péronisme et le poujadisme en sont des exemples. Derrière un chef charismatique, il fait appel au peuple contre les élites, contre la minorité technocratique au pouvoir. Il s’appuie sur le sentiment de ne pas être entendu par les institutions démocratiques. Sa conception du peuple est d'ordre irrationnel, mythique, constituant une entité unique sans distinction de classes, ethnique, ayant les mêmes intérêts, d'où son opposition à la démocratie plurielle-partisane que nous connaissons. Il en découle, une fois au pouvoir, un régime autoritaire qui ne peut tolérer d'opposition.

Un débat se prolonge entre les chercheurs pour qualifier le FN, qui le caractérisent d'extrême droite, de fasciste, de fascisant ou de national-populiste. Le fascisme trempe effectivement ses racines dans le populisme, mais, historiquement, il s'est épanoui et a pris le pouvoir, avec le soutien de la haute bourgeoisie, afin de détruire le mouvement ouvrier révolutionnaire en plein essor.

Aujourd'hui, le mouvement ouvrier est en grande difficulté, les syndicats très faibles, les partis de gauche ne remettent plus en cause le capitalisme. La montée des populismes est la conséquence de la crise produite par la mondialisation et la globalisation financière. Les États ont des difficultés à mener une politique qui ait prise sur ce système, de plus, leur proximité avec les grands groupes, délégitiment leur action. Les groupes populistes européens ont en commun la vision de “peuples” en butte à la mondialisation, dont l'immigration est l'image inversée (les multinationales délocalisent pendant que des travailleurs du Sud viennent en Europe) et l'Union européenne le cheval de Troie.

Les thèses du Front National et sa percée électorale

On peut caractériser le Front National comme la rencontre du national-populisme et de la réaction maurrassienne. S'il accepte les règles formelles du jeu politique, il s'oppose aux valeurs de la démocratie. Son concept de nation est antagonique à celui de la République : exclusion contre assimilation. Le “peuple”, pour lui, n'est pas un regroupement humain qui se donne la garantie institutionnelle de la libre expression des intérêts divers qui le traversent, mais un organisme, une lignée à caractère raciale, autour d'une idée de puissance, l’État étant l'incarnation juridique de ce “peuple-nation”. L'organisation du travail, pour lui, tourne autour d'un paritarisme de branche employés-patrons de type corporatiste en opposition au syndicalisme. Pour faire simple : “Naguère, quatre piliers supportaient l'édifice national : la famille, l'école, la religion et l'armée”, dit le programme.

Le fonds de commerce du FN se situe dans la confirmation de l'échec d'une alternative réformiste au néolibéralisme, avant même à une alternative au capitalisme. La crise de légitimité politique des partis est due à l'autisme du pouvoir face aux mouvements sociaux et à l'attentisme coupable des syndicats et partis de gauche. Cette crise est accentuée par Sarkozy qui cristallise toutes les frustrations et cumule les défauts de la droite : légitimiste quand il va voir le pape, orléaniste chez les riches au Fouquet's et bonapartiste par son côté autoritaire.

L'idée de grandeur de la nation fortement entamée depuis les années 1940 (défaite, collaboration, éclatement de l'Empire et défaites en Indochine et en Algérie) a fait que le FN a rassemblé, à l'origine, des personnalités marquées par ces événements. Ses résultats électoraux, faibles au départ : législatives de 1973 (122 000 voix), présidentielle de 1974 (190 000 voix) vont grossir dès les années 1980 et se maintenir : législatives de 1986 (2 703 000 voix), présidentielle de 1988 (4 376 000 voix). En 2002, la présidentielle confirme ce niveau élevé : 4 804 000 voix au premier tour et 5 525 000 voix au second.

En 2007, le candidat Sarkozy siphonne une partie de ces voix d'extrême droite à la présidentielle (3 834 000 voix pour le FN) et aux législatives (1 116 000 voix pour le FN). L'analyse des votes aux cantonales de mars 2011 (L’Humanité du 06-04-11), montre que le FN, dans les 394 cantons où il a pu se maintenir au second tour, est passé de 25,2% à 35,6%, à plus de 40% dans un quart de ces cantons et même à plus de 45% dans 22 cantons. Il progresse autant face au PC, au PS ou à l'UMP, ce qui signifie qu'une fraction de l'électorat de gauche a voté FN au second tour. Par ailleurs, dans les duels face à la gauche, il a d'autant progressé qu'il disposait de « réserves » dans l'électorat des candidats de droite éliminés au premier tour.

Un programme indigent et indigne

Le Font National a cerné 20 questions dont deux sont en jachère, “Acteurs économique et emploi” et “Économie et budget” : “Cette partie du programme du Front National est en cours de réactualisation. Merci de revenir dans quelques jours.” Le programme de 2007 était ultra-libéral sur les questions sociales et économiques, celles-ci demandent maintenant une réécriture plus démagogique.

L'ordre des chapitres met en avant l'immigration qui coûterait très cher, serait à l'origine de l'insécurité, toucherait massivement le RMI (sic). Les nombres, avancés sous l'autorité du rapport de Pierre Milloz, par ailleurs soutien au FN, sont tous contredits par Pierre-André Taguieff et Michèle Triballat dans “Face au FN. Arguments pour une contre-offensive”.

Selon le FN, les “étrangers” devraient voir la suppression du RMI (sic), de l'AME, la diminution des aides sociales, la suppression des allocations familiales et l'augmentation de leurs cotisations, la suppression de la double nationalité, la suppression du regroupement familial, la réduction de la durée de validité de la carte de séjour (de 10 ans à trois ans), l'expulsion des récidivistes. Ils ne pourraient acquérir la nationalité française qu'à la condition supplémentaire d'avoir un parent français et risqueraient la déchéance de la nationalité en cas de condamnation à une peine de prison supérieure à 6 mois dans les 10 ans suivant leur naturalisation.

La justice et la police ont bien sûr toute l'attention du programme : peine de mort pour les crimes les plus graves, augmentation du nombre de magistrats et suppression de leurs “syndicats politisés”, création de 75 000 places de prison, abaissement de la majorité pénale, création d'une présomption de légitime défense pour les forces de l'ordre, augmentation de leurs salaires.

Pour la santé, la libéralisation du système serait étendue. Par ailleurs, le FN abandonnerait le numérus clausus afin d'écarter les médecins d'origine étrangère, mais maintiendrait de façon “raisonnée” des hôpitaux de proximité et aménagerait la loi des 35 h pour les personnels de santé.

La politique de la famille, nataliste, est également tournée contre l'immigration, d'où l'idée d'un revenu parental (SMIC pendant 3 ans, pendant 10 ans au 3° enfant). Bien entendu : refus du mariage homosexuel, de l'adoption homoparentale et proposition d'un référendum contre l'avortement.

Un repli sur une identité mythique réactionnaire

Le FN marque profondément l'éducation de son idéologie. Pour lui, la famille éduque et l'école instruit. Or, dit-il : “20 à 30% d'enfants ont des difficulté de lecture en arrivant en 6° ”. Pour lui, l'école subit l'influence de l'islamisme et de la politisation. Il entend promouvoir le goût de l'effort, le sens du mérite, l'autorité, des tenues vestimentaires sobres. Il faudrait revenir à la méthode syllabique, abandonner le collège unique, renforcer la sélection, le mérite, le poids de la hiérarchie, libéraliser la loi Falloux, renforcer l'autonomie des établissements, supprimer la carte scolaire et créer un chèque formation que chacun pourra remettre à l'école de son choix.

Nations de tous les pays, unissez-vous” : Le FN propose, avec la sortie de l'OTAN et de l'EUROCORP, une “sphère boréale” de Brest à Vladivostock et une alliance aux nations menacées d'acculturation (Inde, Japon, Russie). Pour protéger nos frontières restaurées, il faudrait augmenter le nombre de militaires et les dépenses militaires, bonnes pour l'économie par ailleurs. “Afin de préserver les valeurs qui ont fait la grandeur de la France (patriotisme, esprit de sacrifice, solidarité, courage)”, il souhaite créer un service militaire volontaire de six mois ouvrant la possibilité de rejoindre un corps d'armée, la “garde nationale”. Ce programme de politique étrangère et de défense est jumelé avec la volonté de sortir de l'Euro, de renégocier les traités européens afin de contrôler les frontières intérieures en Europe, de se dispenser de répondre aux directives européennes et de sortir de l'Europe si nécessaire pour retrouver une souveraineté nationale.

Voilà pour l'essentiel. Il s'agit d'une ébauche de programme axé sur la discrimination des personnes étrangères et un repli sur une identité mythique, réactionnaire et autoritaire teinté parfois de maladresse révélatrice : ”La politisation des manuels scolaires ou des enseignements est également un souci, l'Histoire de France étant trop souvent réduite, par exemple, à des épisodes « honteux », comme l'esclavage, la collaboration, ou la torture en Algérie.

La résistible montée du Front National

Le 21 mars 2011, Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République, dénonçait, de fait, la conquête du pouvoir pour le pouvoir, la Révision Générale des Politiques Publiques, la réforme des retraites, la culture de la peur : “Quand on n'a plus le champ des espérances, on exploite le champ des peurs et des humiliations.”

Son rôle le met à l'écoute de l'opinion et son constat rejoint le “baromètre de la confiance politique” du CEVIPOF : Les citoyens ont perdu confiance dans leurs institutions politiques et l'UMP, comme le FN, exploitent les peurs et les frustrations dans le sens d'une radicalisation xénophobe et identitaire qui est largement relayée par les clercs et institutionnalisée par des lois iniques. Luc Ferry sur LCI le 17-12-10 : “Marine Le Pen est républicaine et démocrate, elle est pour les élections.” Claude Guéant dans Le Monde du 16-03-11 : “Les Français veulent que la France reste la France.” Denis Tillinac dans Valeurs Actuelles, le 05-03-11 : “Nul n'ignore les risques de guerre civile, larvée ou déclarée, quand les « minorités visibles » auront pour elles la force du nombre.” Christian Jacob sur Radio J, le 14-02-11 déclare que DSK n'incarnait “pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, celle à laquelle je suis attaché”. La liste est, hélas, beaucoup plus longue.

Delevoye ajoutait : “La frontière politique n'est plus entre la gauche et la Droite, mais entre ceux qui récusent ou non la mondialisation.” Sa remarque n'est qu'en partie juste. Il est certain que la droite, comme la gauche, acceptent les règles de la mondialisation et, de ce fait, mènent des politiques qui supportent des alternances à répétition. Les partis de la gauche anticapitaliste s'y opposent, à partir d'une perception politique totalement différente avec un projet social émancipateur. Le Front National prétend aussi s'opposer à la dite mondialisation et à l'Europe libérale. La différence est que le FN, lui, ne combat qu'une image de la mondialisation : l'immigration. Le reste n'est qu'une politique d'affichage doublée d'un autoritarisme qui se veut protecteur.

Démonter un à un les arguments fallacieux

Dans ce contexte, la crise de la zone euro est une question brûlante d'actualité : les difficultés donnent des arguments aux tenants d'un repli sur soi protectionniste. Si un des maillons les plus faibles venait à sortir de la zone, il serait nécessaire de donner des réponses pertinentes face à cette situation, tout en réfutant les annonces qui ne manqueraient pas d'être avancées par les souverainistes.

La démagogie déployée par l'UMP et le FN laisse peu de temps pour inverser la tendance profonde de l'opinion. Que l'UMP ait une attitude suicidaire dans cette affaire, ne donne aucune garantie pour échapper à la société cauchemardesque qui se dessine, au contraire.

Le capitalisme se trouve dans la situation du boulimique enfermé dans un magasin de produits de bouche. Même s'il sait qu'il ne peut pas digérer tout ce qui l'entoure, il va se jeter sur tous les produits qui se trouvent à sa portée, quitte à mettre en faillite le magasin en question. Ainsi, les États se trouvent, aujourd'hui, phagocytés par les marchés financiers et leurs citoyens, qui en paient le prix, dépouillés.

Il n'existe pas de solution politique miracle et il est urgent de démonter un à un les arguments fallacieux qui sont déversés quotidiennement. Les difficultés, qui sont rencontrées par de plus en plus de personnes, ne manquent pas de soulever des révoltes, qui ont déjà éclaté dans la plupart des pays européens. Ces révoltes n'ont toujours pas de représentation politique offensive sinon, hélas, de façon minoritaire, mais dynamique, dans les mouvements populistes. Pour autant, les luttes qui éclatent ne se situent pas dans une perspectives autoritaire, bien au contraire. Il faut débattre des propositions qui existent sur les questions qui se posent : refus des délocalisations, démocratie dans les entreprises, dans la cité, recréation de liens sociaux, satisfaction des besoins vitaux de chacun (alimentation, logement, transport, etc.), préservation des moyens d'existence pour les générations à venir, liberté d'expression, de circulation, sécurité sociale, services publics, etc. Il faut initier un mouvement de contestation radicale de cette société sans avenir et penser les solutions à l'échelle européenne.

Pour le “baromètre de la confiance politique” du CEVIPOF, 47% des Français pensent que le système capitaliste devrait être réformé en profondeur et, pour 49%, le système devrait l'être sur quelques points. Les attentes sont immenses, les actions de transformations sociales sont multiples. Il est urgent de les unifier et de les mener à terme.

Autant d'inégalités et d'injustices ne peuvent être abattues sans créer une force homogène offensive.”(a)

Michel Bonnard, le 11 avril 2011

 

(a) Le président des riches, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot







Une pandémie européenne inquiétante

Dans tous les pays européens, une droite nationaliste et populiste émerge depuis peu avec des scores supérieurs à 10%. Ces partis se montrent agressifs par rapport aux immigrés, hostiles à la finance internationale et à l'Union européenne. Chacun a sa spécificité !

La Liga Nord per l'indipendenza della Padania de Umberto Bossi, qui rassemble depuis 1989 la ligue lombarde et la ligue vénitienne, est séparatiste, xénophobe, s'oppose à la centralisation romaine, séparatiste et pour une Europe des nations. Elle obtient 3,127 millions de voix et dirige de grandes villes et régions du nord de l'Italie.

Le Dansk Folkeparti, créé en 2002, troisième parti du Danemark, défend la monarchie et la souveraineté nationale, la religion chrétienne et la famille danoise. Il est contre l'immigration, contre l'Union européenne et milite pour une économie nationale.

Samoobrona, en Pologne, est issu du Parti communiste après la chute du mur de Berlin. Son programme est populiste et isolationniste. En 1990, il soutient activement la révolte paysanne, il est contre le Traité européen. En 2005, il obtient 15% de voix puis perd tous ses députés en 2007.

Le Vlaams Belang flamand, créé en 2004 est conservateur, nationaliste, séparatiste, islamophobe, xénophobe et raciste. Il obtient 15% des voix en 2009. Il promeut une politique nataliste et propose un salaire au femmes et aux hommes au foyer.

Le Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ), en Autriche, créé en 1955, est, à l'origine, libéral. En 1986, Jörg Haider lui donne une orientation nationaliste, nataliste et opposée à l'immigration. Il relativise et réinterprète le passé nazi de l'Autriche. En 2005, Jörg Haider fait sécession et fonde le Bündnis Zukunft Österreich (BZÖ), rejoint par les six ministres FPÖ. Stracher, élu président du FPÖ, lance en 2006, l'idée d'un référendum contre l'UE, contre l'adhésion de la Turquie à l'UE et contre l'immigration musulmane, provoquant un débat sur ces sujets au Parlement. En 2008, le FPÖ obtient 18% des voix et le BZÖ 11% : l'extrême droite cumule ainsi 29% des voix !

L’Union Démocratique Suisse (UDC), conservatrice-libérale, créée en 1971 sur les bases d'un conservatisme paysan s'est distinguée lors d'un référendum portant sur l'interdiction des minarets, en 2009. Elle porte les idées de neutralité, de lutte contre l'immigration, pour la sortie de la Suisse de l'espace économique européen, pour une Grande Suisse et s'oppose au poids de l’État confédéral.

En Grèce, le LAOS (Alarme populaire orthodoxe) est au parlement depuis 2007 et soutien la politique d'austérité du PASOK (socialiste). Il est pour les valeurs orthodoxes, contre la corruption, contre l'immigration. Le Xrisi Avgi (Aube en or), lui, fait la chasse aux émigrés. Le 5 mai 2010, trois personnes mouraient dans l'incendie volontaire d'une banque en marge d'une manifestation contre l'austérité. La piste de l'extrême droite est probable.

La Hongrie est un cas d'école. Viktor Orbán, actuel Premier ministre, dirige son parti, la Fidesz-Union civique hongroise qui obtint 53% des voix en 2010. Il est à l'origine d'une loi, retoquée par l'UE, qui muselait la presse, d'un changement constitutionnel qui offre la double nationalité aux personnes hongroises ayant une autre nationalité en Europe, dans la perspective d'une Grande Hongrie, amputée après le traité du Trianon en 1920. Il véhicule le chauvinisme, le protectionnisme, l'anticommunisme, une idéologie chrétienne, un racisme anti-tsigane et tolère l'antisémitisme. Il est opposée à l'UE, au FMI et aux marchés financiers qu'il taxe. Dans le même temps, il baisse les dépenses sociales, les allocations chômages, la progressivité de l'impôt (avant : de 17% à 32%, après : 16% pour tous !). Le mouvement Jobbik (Pour une meilleure Hongrie), issu du Fidesz en 2003, recueillit 16,67% des voix en 2010. Il présente les mêmes caractéristiques que le Fidesz, avec un antisémitisme avoué (“les multinationales sont dirigées par des juifs”) et un groupe paramilitaire, la garde hongroise, qui défile en uniforme. En Bulgarie, une “garde nationale” est également créée sous l'égide du parti Koalizija Ataka pour “protéger les Bulgares sans défense contre les bandes de gitans”.

Il est très intéressant de suivre la situation en Hongrie où la contestation populaire contre l'ordre économique s'est traduite par un passage à l'extrême droite. (1)

Quelques-uns de ces partis ont formé un groupe éphémère au Parlement européen durant l'année 2007 sous l'appellation : “Identité, Tradition et Souveraineté”. Ce groupe comprenait le FN, Partidul România Mare, le Vlaams Belang, Alternativa sociale, Fiamma tricolore, le Parti autrichien de la liberté, Koalizija Ataka et un indépendant anglais.

Michel Bonnard, le 11 avril 2011

 

Le 18 avril 2011, les députés hongrois ont adopté une nouvelle Constitution : Dieu y est présenté comme le rassembleur de la nation considérée comme ethnique ; cette Constitution s'oppose à l'avortement, donne le pouvoir au Président de dissoudre le Parlement si le budget adopté porte la dette au-dessus de 50% du PNB, diminue les compétences de la Cour constitutionnelle, supprime le Médiateur pour les minorités, augmente la durée des mandats des dirigeants des institutions étatiques (nommés par le présent gouvernement) ; le système des retraites et de la fiscalité ne pourront être modifiés que par une majorité des 2/3 du Parlement, etc.

Par ailleurs, dans l'est de la Hongrie, le week-end de Pâques, pour commencer, une milice d'extrême droite, Vedero (force de défense – sous-entendu contre la « criminalité tzigane » -) organise un stage d'entraînement dans un village à majorité roms. Ces derniers ont dû être déplacés par la Croix rouge afin d'éviter des violences.

Le 17 avril 2011, les Vrais finlandais multipliaient leur score de 2007 par 5 pour recueillir 19% des scrutins, en troisième position derrière les sociaux démocrates (19,1%) et le centre droit (20,4%). Leur argument essentiel, au-delà des thèmes communs aux autres partis populistes, était le refus d'aider les pays européens endettés.

Michel Bonnard, le 23 avril 2011

 

(1) http://www.marianne2.fr/La-Hongrie-laboratoire-du-neo-populisme_a204158.html

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=7217

 

Des origines sous le signe d'une grandeur perdue

 

Les personnalités qui sont au Bureau national du FN à sa création sont très représentatives : François Brigneau, né en 1919, a fait partie de la Milice en 1944, directeur de Minute, journaliste dans divers journaux d'extrême droite ; Roger Holeindre, né en 1929, engagé en Indochine, en Algérie, proche de Tixier-Vignancourt, conseiller d'Occident ; Pierre Bousquet, né en 1919, Franciste, ancien de la division SS Charlemagne, Jean-Pierre Stirbois, né en 1945, fait la campagne de Tixier-Vignancourt, membre de Mouvement Jeune Révolution (solidariste).

Il s'enrichit dans les années 1980 de personnages plus jeunes : Mégret, Gollnisch ou Carl Lang. Ce dernier quittera le FN en 2008 pour le Parti de la France. Les années 1990 voient arriver des monarchistes comme Michel de Rostolan, Thibaut de la Tocnaye, fils d'Alain de la Tocnaye (OAS impliqué dans l'attentat du Petit Clamart), engagé dans les Phalanges libanaises, dans les Contras au Nicaragua et parmi les Croates pendant la guerre de Yougoslavie ou Olivier d'Ormesson qui rejoint l'Action Française suite aux déclarations de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz.

Le caractère autocratique de ce parti engendre des défections et des exclusions successives : Bruno Mégret, Marie-France Stirbois, Carl Lang, Jean-Claude Martinez, Jacques Bompard, Bernard Antony, etc.



Michel Bonnard, le 11 avril 2011

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